La fourniture des livres scolaires au Brésil se fait essentiellement dans le cadre d’un programme fédéral, le programme national pour manuels scolaires (Programa Nacional do Livro didático, PNLD), au sein duquel enseignants et spécialistes évaluent les livres présentés par les éditeurs et approuvent ceux qui seront mis à la disposition des écoles, la fourniture des livres étant prise en charge par le gouvernement fédéral. La plupart des régions participent à ce programme, qui offre un moyen économique de mettre à la disposition des étudiants du matériel de qualité.
Cependant, le 31 juillet, les éditeurs ont été confrontés à la décision soudaine du Secrétaire à l’éducation de l’État de São Paulo de se retirer du PNLD et d’opter pour un format exclusivement numérique pour les élèves de 10 à 18 ans, reposant sur un matériel publié par l’État.
Éditeurs, acteurs du système éducatif et universitaires ont alors dénoncé d’une seule voix cette décision arbitraire, conscients de l’impact négatif qu’aurait sur le parcours scolaire des élèves un tel changement de la manière dont ces derniers accèdent aux livres. Bien que le gouvernement ait accepté de fournir sur support papier le matériel éducatif produit par l’État, la société civile a continué à s’opposer au retrait du PNLD, qui allait priver les étudiants de l’accès au matériel éducatif de grande qualité fourni par les maisons d’édition.
Dans ce qui est une formidable victoire pour les étudiants, les acteurs du système éducatif et les éditeurs brésiliens, la cour de justice de São Paulo a annulé la décision du gouvernement et a ordonné à l’État de réintégrer le programme fédéral, citant le principe constitutionnel brésilien, qui exige une gestion démocratique de l’éducation.
Dans un entretien accordé à Publishing Perspectives, Karine Pansa, présidente de l’UIE, et José Borghino, secrétaire général de l’UIE, ont indiqué être ravis de la décision de la cour de justice de São Paulo et ont évoqué l’impact potentiel inquiétant que la décision du gouvernement aurait pu avoir sur l’édition d’ouvrages pédagogiques au Brésil.
Karine Pansa, qui est également directrice des éditions Girassol Brasil Edições à São Paulo, a déclaré « qu’il [le gouvernement] voulait produire son propre matériel éducatif, pas uniquement du matériel au format électronique, mais son propre matériel. Le matériel qui a été présenté était incroyable. C’était à peu de choses près des présentations PowerPoint. » Et d’ajouter : « Nous considérons [la décision du gouvernement] comme une tentative de contrôler le contenu fourni à la population. C’est vraiment très inquiétant. »
De même, José Borghino a déclaré : « L’UIE et les éditeurs de matériel éducatif brésiliens sont reconnaissants et soulagés que le gouvernement de São Paulo ait accepté la décision du tribunal qui lui impose de respecter les directives préalablement convenues d’utiliser dans les écoles les livres et ressources produits par des éditeurs professionnels. L’éducation est une ressource stratégique pour le développement de toute société fonctionnelle reposant sur le savoir et ce sont les éditeurs de matériel éducatif qui sont les mieux équipés pour fournir le matériel de grande qualité qui, à son tour, permet aux étudiants de parvenir à des résultats optimaux. »